mardi 25 octobre 2016

Certaines abeilles sont capables de se reproduire toutes seules...

Les abeilles du Cap sont très singulières : les ouvrières sont capables de pondre des œufs. Et pas de n'importe quelle manière : sans intervention d'un mâle...

Dans ce cas d'une reproduction classique chez les abeilles, seule la reine est fertile. Les œufs fécondés par les mâles donneront des femelles, quant aux œufs non fécondés, ils donneront des mâles.

C'est le cas chez l'espèce Apis mellifera. Alors qu'une sous-espèce de A.mellifera, dénommée A. m. capensis ou abeille du Cap, a développé une capacité particulière : les ouvrières sont fertiles, ce qui est unique. Mais ce n'est pas tout. Elles ont la capacité d'avoir une progéniture sans la participation d'un mâle !

Cette reproduction asexuée, appelée parthogénèse thélytoque, se définie par le développement de l'ovocyte (ovule) sans aucune fécondation extérieure. Ce processus est assimilé à une division cellulaire (la méiose) qui se déroule de manière anormale : les femelles A. m. capensis pondent des œufs qui vont être fécondés par des noyaux contenant leur propre ADN. Ce procédé ne donne naissance qu'à des femelles ouvrières.

Des chercheurs de l'Université d'Uppsala, en Suède, on tenté de comprendre au mieux ce phénomène surprenant. Dans une étude parue dans PLOS Genetics, l'équipe de scientifiques estime que tout s'explique au niveau génétique. Ils ont découvert cela en séquençant le génome des abeilles du Cap et en le comparant à celui d'autres espèces dont la reproduction est classique. Plusieurs gènes possèdent des différences frappantes. Ceux-ci sont impliqués dans la production de divers substances organiques telles que les ecdystéroïdes, les hormones juvéniles et la dopamine qui vont avoir un rôle majeur dans l'activation des ovaires et donc de la méiose.

Selon les chercheurs, ces modifications de l'ADN peuvent aussi être responsables d'un comportement particulier nommé parasitisme social : les abeilles pondent des œufs à l'intérieur d'une autre colonie pour en exploiter les ressources.
Malgré toutes ces découvertes, une question reste sans réponse : pourquoi ces abeilles ont-elles développé une reproduction asexuée ? Le mystère reste entier.

Source Sciences et Avenir 2016

Le sucre facteur d'optimisme...et de bonheur chez les abeilles


Les abeilles seraient capables de ressentir du bonheur et de faire preuve d'optimisme, selon une étude révélée dans Science en 2016. Afin de démontrer cela, des chercheurs ont effectué des tests sur 24 abeilles et les ont placées dans une chambre fermée. À l'intérieur, quatre tubes sont disposés, l'un à côté de l'autre. Les abeilles sont préalablement conditionnées pour entrer dans le seul tube coloré, contenant soit de l'eau (tube vert), soit de l'eau sucrée (tube bleu). Au début de l'expérience, la moitié des abeilles reçoit de l'eau sucrée et l'autre moitié ne reçoit rien. 

Le sucre, facteur d'optimisme

Les résultats ont montré que les abeilles ayant reçu du sucre au début de l'expérience entrent plus rapidement dans le tube coloré à la recherche de nourriture. Cela montrerait qu'elles sont plus optimistes vis-à-vis de ce qu'elles pourraient trouver au bout du tube, que celles n'ayant pas reçu de récompense. Le sucre agirait donc non seulement sur l'activité et l'excitation des abeilles, mais également influencerait leur propension à faire des choix et à réagir face à certaines situations.

Une autre expérience, menée par le Dr. Clint Perry et son équipe à l'Université du Queen Mary à Londres a confirmé ces résultats. Il a simulé l'attaque d'une araignée-crabe sur 35 abeilles dont la moitié avait reçu une solution sucrée et l'autre non. Ils se sont aperçu que les abeilles ayant bénéficié d'une récompense retournaient se nourrir quatre fois plus rapidement après l'attaque que celles qui n'avaient rien obtenu préalablement. Le sucre aurait donc généré un sentiment positif chez ces abeilles, diminuant ainsi leur pessimisme face à de futurs événements. 

De réelles émotions ?

Afin de découvrir ce qui générait réellement cet état, les scientifiques ont injecté un inhibiteur neurochimique de la dopamine, molécule responsable du plaisir, chez ces abeilles. Tout effet positif observé chez celles-ci a alors disparu, montrant que la dopamine serait, d'une part, à l'origine de ce phénomène, et d'autre part, bien présente chez ces insectes, tout comme chez les humains ou chez d'autres mammifères. Mais comment être sûr que les abeilles ressentent réellement du bonheur et que ces résultats ne sont pas seulement des indicateurs de modifications physiologiques et comportementales ? Les scientifiques s'interrogent encore. Ce qui est certain, c'est que si émotion il y a, il serait très intéressant d'étudier l'histoire évolutive des sentiments chez les animaux et de faire le parallèle avec notre propre évolution.

Source Sciences & Avenir - 2016